Le nombre annuel de décès dûs au tabagisme en Suisse devrait être révisé pour être fixé à plus de 11.000 décès.
La récente identification d'un lien entre la cigarette et 15 maladies mortelles pourrait entraîner une réévaluation des chiffres officiels. En effet, les chiffres sur la surmortalité des fumeurs seraient sous-estimés de 17%. Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine a permis d'identifier une quinzaine de nouvelles causes de décès prématurés liées au tabagisme, en plus des 21 pathologies déjà connues. Ainsi, les fumeurs voient leurs risques de mourir d'insuffisance rénale multipliés par deux, et d'ischémie intestinale (artères du tube digestif bouchées) par six. La probabilité qu'une fumeuse meure d'un cancer du sein est augmentée de 30%, et qu'un fumeur succombe à un cancer de la prostate, de 43%.
L'étude a été conduite sur une population de près d'un million d'individus. «L'ampleur [de la cohorte] nous a permis d'analyser des causes de décès trop rares pour ressortir dans de plus petits échantillons», expliquent les auteurs conduits par le Dr Brian Carter, de la Société américaine sur le cancer.
Les pathologies nouvellement associées au tabagisme ont en commun des mécanismes inflammatoires, vasculaires et/ou thrombotiques, pour lesquels le tabac a un effet aggravant connu. L'ischémie intestinale, par exemple, a les mêmes causes que certains accidents cardio-vasculaires, à savoir la formation de plaques d'athérome dans les artères.
Si le cancer du poumon est la pathologie dont le lien avec le tabac est le plus évident (90% des malades sont fumeurs ou l'ont été), il en existe de nombreuses autres dont la responsabilité est établie depuis longtemps : les cancers ORL, de l'œsophage, de la vessie, du pancréas, la broncho-pneumopathie chronique obstructive, le diabète, les AVC…
Avec ces nouvelles données, le nombre de victimes du tabac aux États-Unis, estimé à 437.000 par an, devrait être rehaussé d'au moins 60.000.
Selon l'Office fédéral de la statistique, le tabac provoque chaque année la mort prématurée de 9.200 personnes dans notre pays. Si ce chiffre représente une sous-estimation de 17% de la mortalité réelle, alors le nombre annuel de décès dus au tabagisme en Suisse devrait être révisé pour être fixé à plus de 11.000 décès.
Sources :
2015.03.10/pad