Le texte qui nous est proposé est l'un de ces textes qui mettent mal à l'aise: ils sont si extrémistes qu'ils en deviennent inacceptables, parce qu'ils constituent une atteinte aux libertés et aux droits, alors même que la cause qu'ils défendent est bonne.
Lors des débats au Grand Conseil genevois sur l'initiative populaire constitutionnelle Fumée passive et santé, Guy Mettan n'a certes pas suivi certains de ses collègues députés encore plus radicaux que lui dans leur opposition aux mesures de protection contre le tabagisme passif, qui voulaient carrément empêcher les citoyens de se prononcer en déclarant l'initiative anticonstitutionnelle (courant qui avait un certain Christian Lüscher pour chef de file). Guy Mettan était néanmoins partisan de l'élaboration d'un contre-projet bourré d'exceptions, qui aurait vidé l'initiative de toute substance en la transformant en une véritable loi passoire. Heureusement, le Grand Conseil genevois ne l'a pas suivi et a soumis l'initiative sans lui opposer de contre-projet.
On connait la suite: l'initiative - « extrémiste et liberticide » selon Guy Mettan - a été plébiscitée par les citoyens, qui ont voté pour elle à une écrasante majorité de 79,2% le 24 février 2008. Lorsque le peuple a été appelé à se prononcer une deuxième fois sur le même objet (à la suite d'un référendum contre la loi d'application) le 27 septembre 2009, c'est avec une majorité encore plus grande - 81,7% ! - qu'il a soutenu l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Deux désaveux cinglants pour Guy Mettan!
Rappelons pour mémoire que la loi genevoise sur l'interdiction de fumer (LIF) s'aligne sur les prescriptions de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac sans toutefois en remplir toutes les exigences - les directives issues de la CCLAT préconisant des lieux intérieurs à 100% sans fumée et excluant donc les fumoirs, avec ou sans service. C'est en fait une loi plutôt conservatrice et laxiste par rapport à la norme internationale actuellement en vigueur.