Voici ce qui m'est arrivé un soir dans le tram en rentrant du travail.
Trois jeunes montent et s'installent à côté de moi.
Ils sortent tout de suite leurs cigarettes qu'ils allument et les trois
se mettent à fumer dans le tram.
Je leur signale que c'est interdit - je supporte très mal la fumée.
Leur réponse est claire et sans appel : il faut respecter la liberté
des autres, et en particulier la leur de fumer.
Je leur rétorque que je veux bien à condition
que cela ne nuise pas à la mienne. Rien n'y fait.
D'accord, dis-je, j'accepte que vous vous détruisiez, mais vous allez
accepter que j'ouvre les fenêtres du tram, ce que j'ai fait
immédiatement. Il faisait très froid, une partie de la fumée s'est échappée
par la fenêtre ouverte. Ils n'ont rien dit, préférant se geler
plutôt que de renoncer à leur droit de fumer où et quand bon leur semble.
J'ai senti que j'étais à leurs yeux un vieux râleur.
Je préfère être un vieux râleur en bonne santé qu'un jeune imbécile
malade des poumons. Chacun sa liberté.
Guy Busson, Genève, mars 2002
Réponse d'OxyRomandie
Ceci est un exemple de la pression exercée par les fumeurs
irréductibles sur les personnes qui les entourent pour que
celles-ci renoncent à leur droit élémentaire à un environnement
qui ne mette pas en péril leur santé, tout cela au nom de la liberté de fumer
où et quand on veut (on voit que le thème de la liberté
- « Liberté, toujours » - cher à l'industrie
du tabac, porte les fruits escomptés).
C'est aussi une tentative de remise en cause des modestes acquis
en matière de protection des non-fumeurs.
Avec l'arrivée d'une cohorte de jeunes chez lesquels le
tabagisme est devenu la norme (rappelons pour mémoire
que le tabagisme chez les adolescents a pratiquement doublé au cours
des années 90 en Suisse), on peut prédire que ce genre de comportement
va devenir de plus en plus fréquent et que vont se multiplier
les incidents tels que celui décrit dans le témoignage ci-dessus.
Il est difficile pour un individu isolé de s'opposer à la pression
exercée par un groupe de fumeurs irréductibles. Il est donc du ressort
des autorités et des responsables des services publics de faire respecter
la loi. En particulier, les transports publics se doivent d'offrir
un environnement respectueux de la santé de ses usagers. C'est là
une condition nécessaire si nous voulons être convaincus de faire
une utilisation plus large des moyens de transport publics et
leur donner la priorité sur la voiture individuelle pour
nos déplacements en ville.
(Témoignage t02-001 - mars 2002)