J'ai appris l'existence d'OxyGenève grâce Ã
un dossier de l'Hebdo paru au mois
d'octobre 2000. Voici mon témoignage.
J'ai développé une forte aversion pour la cigarette
il y a déjà de nombreuses années.
Je suis âgé de 40 ans et j'ai toujours eu comme idéal
de garder une excellente forme
aussi bien intellectuelle que physique. La chance m'a toujours souri sur mes lieux
de travail dans le sens où je n'ai qu'exceptionnellement eu à pâtir de la
présence d'un fumeur à proximité. La situation fut
particulièrement délicate lorsque moi, l'accro de l'air pur,
je fus envoyé dans le cadre d'un mandat informatique de 18 mois chez
Philip Morris à Neuchâtel (rien que le fait d'écrire ce nom
me crispe et je suis content si je l'estropie !). Ce mandat représentait
un contrat important et je ne me sentais pas en mesure, moralement, de refuser
cette mission à mon employeur. Comme je ne peux absolument pas concevoir
de passer ne serait-ce qu'une journée dans un local fermé en compagnie
de fumeurs, j'avais décidé intérieurement de quitter
immédiatement ma place de travail - je veux dire ma mission et mon employeur
- dans le cas où une telle situation me serait imposée.
J'ai heureusement eu la chance de me trouver avec des collègues
eux-mêmes non fumeurs ou fumeurs occasionnels Dans la pratique, il est
arrivé à de nombreuses reprises que des personnes d'un autre bureau
viennent pour une visite, cigarette allumée. C'était le signal, pour moi,
d'une pause café: pas toujours agréable d'interrompre son travail sans
l'avoir souhaité ! A la longue, cela développe de la frustration.
Je pense qu'il n'est pas possible d'être tolérant Ã
l'égard de la fumée de cigarette. Pour moi, la tolérance
en matière de tabagisme signifie prévoir des espaces pour les fumeurs
dans les lieux publics ou dans les entreprises, rien de plus, rien de moins. Je trouve
absolument intolérable que ce soit au non fumeur, qui se trouve dans la position
de celui qui reçoit, qui n'agit pas, de devoir accepter les nuisances
provoquées par les actions des adeptes du tabac. Un non fumeur n'a pas
la liberté de se soustraire à la nuisance de la cigarette: si un bruit
me dérange, je recours aux boules Quiès. Si un spectacle me déplaît,
je détourne mon regard. Si un vin ne me convient pas, je prends de l'eau.
Comment puis-je faire pour ne pas respirer ?
La seule réponse que j'aie trouvée à cette question
est l'abstinence. Non, il ne s'agit pas d'une proposition que je ferais aux fumeurs !
Je m'abstiens d'aller dans des lieux enfumés. Cette attitude a de graves
conséquences sur ma vie. Je suis un être sociable qui adore les longs
échanges d'idées. Malheureusement, les endroits publics où l'on peut
passer de longues heures à lire ou à participer à une conversation,
ce, sans être dérangé par la fumée, sont extrêmement
rares dans notre pays. Ma vie sociale est donc nettement appauvrie: c'est tout un pan
des relations avec autrui qui m'est interdit.
Cela me plairait bien de passer parfois la moitié de la nuit dans
une discothèque. Les décibels, de temps en temps, j'aime beaucoup.
Mais impossible: mes poumons disent tout simplement non ! Je suis condamné
à fréquenter toujours les mêmes restaurants: les rares
établissements qui ont prévu une zone non fumeur. Innover en
découvrant une bonne table ? Je crois que je pourrais devenir fort impoli
si je me trouvais dans un restaurant gastronomique à proximité
de gens qui ont l'audace de gâcher le plaisir des convives en tirant
sur leur cigarette.
Je pense qu'il est du devoir de chaque non-fumeur de revendiquer Ã
toute occasion son droit à l'air pur. Ceci peut se faire de manière
aimable, mais ferme. Demandez systématiquement, lorsque vous entrez dans un
établissement public, si celui-ci dispose d'une zone non fumeur. Si la
réponse est négative, ressortez. C'est un moyen concret de faire
valoir son droit à consommer à l'abri des nuisances malodorantes.
Jean-Pierre, Neuchâtel, février 2001
Postcriptum
PS: Pourquoi n'ajouteriez vous pas à votre site une liste d'adresses
de lieux non-fumeurs ou disposant d'une zone non-fumeur ? C'est une idée
que je réaliserai peut-être, dans le cadre d'une un site contre le tabac,
si mes activités m'en un jour le loisir !
Je connais quatre adresses:
Le Karkadè
Salon de thé, librairie, mode féminine
Promenade Noire 6
2000 Neuchâtel
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La Bonbonnière
Tea-Room
rue des Chavannes 2
1304 Cossonay-Ville
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Le Ripp's
Café, Restaurant
pl. de la Riponne 10
1005 Lausanne
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Mövenpick-Ouchy
Café, Restaurant
Mövenpick Hôtel
av. de Rhodanie 4
1007 Lausanne
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(Témoignage t01-002 - février 2001)