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« Une fumeuse passive augmente son risque de développer un cancer du sein de 3.2 fois par rapport à une femme qui n'a jamais fumé. » « ...être exposé au tabagisme passif deux heures chaque jour pendant 25 ans équivaut à fumer un paquet de 20 cigarettes par jour pendant 20 ans. » |
Tabagisme passif et cancer du seinCancer du sein : le tabagisme passif en causeEn Suisse, la cause de mortalité féminine la plus importante est le cancer du sein. Quelques 1'500 femmes meurent chaque année de cette maladie. Il faut ajouter à ce chiffre le nombre de toutes celles qui contractent la maladie sans que l'issue en soit fatale, grâce à un traitement qui trop souvent hélas les laissent mutilées et traumatisées à l'idée d'une rechute. On ne connait pas la cause du cancer du sein. En conséquence, toute mesure de prévention primaire (suppression de la cause ou du facteur de risque) se borne à des conseils d'hygiène de vie, généralement dispensés sans grande conviction. L'approche courante de cette maladie repose sur la prévention secondaire, qui consiste à la détecter le plus tôt possible. Ce qui revient quand même à attendre que le mal se manifeste pour intervenir, plutôt que d'empêcher son apparition. Malgré les grand progrès réalisés dans le dépistage et le traitement du cancer du sein, il est clair que cette approche n'est qu'à moitié satisfaisante. Il vaut toujours mieux, comme dit le dicton, prévenir que guérir. Deux récentes études épidémiologiques ouvrent une voie importante en direction de la prévention primaire. Toutes deux désignent le tabagisme actif et passif comme un facteur de risque très important du cancer du sein. La première étude a été conduite en 1994 par le Dr Alfredo Moravia et son équipe de l'Hôpital Cantonal Universitaire de Genève. Ses résultats ont été publiés dans l'American Journal of Epidemiology en 1996. Les conclusions de cette recherche sont sans équivoque : une femme qui fume ou qui a fumé un paquet par jour augmente son risque de cancer du sein de 4.6 fois par rapport à une femme qui n'a jamais fumé. Une fumeuse passive quant à elle augmente son risque de développer un cancer du sein de 3.2 fois. L'étude montre que d'être exposé au tabagisme passif deux heures chaque jour pendant 25 ans équivaut à fumer un paquet de 20 cigarettes par jour pendant 20 ans. La deuxième étude est canadienne, et confirme les conclusions de la première, même si ses chiffres sont quelque peu différents. Cette étude, publiée en mars 2000 dans la revue Cancer Causes and Control a été réalisée par Santé Canada (Voir le communiqué de presse de Santé Canada). La principale conclusion de cette étude est que « l'exposition à long terme à la fumée de tabac secondaire augmente de plus de 100 p. cent le risque de cancer du sein à la préménopause et de 30 p. cent à la postménopause. Chez les femmes qui fument à l'heure actuelle, le risque de cancer du sein est 90 p. cent plus élevé à la préménopause et 60 p. cent plus élevé à la postménopause. ». Même si les deux études diffèrent sur les taux d'accroissement du risque lié au tabagisme passif, il n'y a pas de contradiction entre elles et les deux s'accordent pour dire que ces taux sont alarmants. Ils le sont d'autant plus s'agissant d'une maladie comme le cancer du sein, qui est le type le plus répandu de cancer chez la femme. En effet, le doublement ou le triplement du risque d'une maladie très rare reste un risque très faible en valeur absolue. Alors que le doublement du risque d'une maladie qui chaque année tue 1'500 personnes est une chose à prendre très au sérieux, car cela signifie des centaines de morts supplémentaires. Pour rendre ces résultats plus concrets, pensons simplement à cette serveuse d'un café habituellement très enfumé qui après vingt ans de bons et loyaux services développe un cancer du sein. Elle n'arrive pas à accepter sa maladie et se demande ce qu'elle a fait pour être ainsi punie par la vie. Les deux études citées ci-dessus ne nous permettent pas d'avoir des certitudes. Cependant elles nous fournissent une explication plausible de sa maladie. Et c'est, à notre avis une explication de trop, puisqu'elle peut-être entièrement évitée. Il faut pour cela que les propriétaires des établissements publics fournissent à leur personnel comme à leur clients, un environnement de qualité qui ne mette pas leur santé en péril. (Dossier 01-004 - 2001-02-18) |