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« Pour une Suisse romande où il fait bon respirer »


« Je ne sais pas dans quels restaurants vous allez, Madame de Panafieu, mais moi, on m’enfume quand même au restaurant, même si parfois en effet on me demande : " ça vous dérange si je fume ? ". Même si j’en suis au magret de canard et que celui-ci est meilleur sans goudrons ni nicotine, évidemment, je dis " Pas de problème ", par courtoisie, par bêtise ou par culpabilité d’être moi-même fumeur, je ne sais pas. »

Alors si l’on pouvait enfin avancer avec les vraies recettes, celles qui marchent et qui ont fait leurs preuves, ça serait bien. »

Le 22 février 2006 - OxyRomandie a fait un petit tour en France voisine et y a trouvé la petite perle que nous publions dans ce dossier. Il s'agit d'un courriel adressé par un jeune sympathisant de l'UMP à quatre ténors de son parti.

Lors d'un récent meeting, ces politiciens avaient un peu cafouillé lorsqu'on leur avait demandé ce qu'ils entendaient faire pour protéger la population contre la fumée passive. Mal préparés, ils articulèrent des réponses telles que « Pourtant, quand je vais au restaurant, on me demande si ça me dérange que l’on fume à côté de moi... » (thème de la courtoisie, Panafieu) ou « Il y a en principe une loi. Il est vrai qu’elle n’est pas appliquée… » (thème du fatalisme et de l'impuissance, Tiberi), ou mieux encore « Je fume moi-même le cigare, mais je fais en sorte de ne pas gêner les autres… » (thème de la convivialité bon enfant, Lellouche). C'est étonnant d'ailleurs de voir, à travers ces exemples, comment des responsables politiques (et les personnes sus-mentionnées ne sont pas, hélas, des exceptions), qui sont élus pour représenter le peuple, ne voient le tabagisme qu'en termes de l'impact que cela a pour eux-mêmes et ont développé une totale incapacité à concevoir la souffrance des autres. C'est comme si, confronté à l'hécatombe des accidents de la route, le responsable politique justifiait son inaction en répondant : « De toutes façons, moi, je ne voyage qu'en train... ». C'est du même acabit. Passons, ou plutôt, revenons à notre sujet. Nous publions donc ci-dessous, avec sa permission, le remarquable message enyoyé par un sympathisant UMP aux quatre orateurs du meeting.

Ce message pourrait s'appliquer, mutatis mutandis, à l'adresse de nombreux politiciens de notre pays. OxyRomandie espère, en le publiant, qu'il inspirera peut-être certains de nos compatriotes et que ceux-ci prendront leur plume (ou leur clavier) et enverrons des messages similaires à nos édiles politiques chaque fois que l'occasion se présentera.

Madame de Panafieu, Monsieur Goasguen, Monsieur Tiberi, Monsieur Lellouche,

Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour votre accueil lors de notre réunion du jeudi 2 février 2006.

J’ai été heureux d’assister à cette rencontre. Permettez-moi cependant de revenir brièvement sur un point.

On a parlé de pollution : voitures, vélos, tabac. J’ai une voiture, je n’ai pas de vélo, je fume. Je suis donc l’archétype du mauvais exemple. Pourtant, si les métros m’avaient permis de rentrer chez moi après la soirée, je les aurais utilisés. Organisons la possibilité de circuler correctement et de façon continue à vélo, et j’achèterai un vélo. Aidez-moi à arrêter de fumer, et je vous dirai bravo.

Je ne sais pas comment fait Monsieur Lellouche pour fumer ses cigares sans en faire « profiter » les autres, car moi, avec mes bêtes Marlboro, je n’y arrive pas. Ce petit effet de la nicotine n’est pas pour me déplaire, mais est-ce que ça vaut le coup que j’ai une chance sur deux d’y rester ? Que je prépare mon propre cancer du poumon, c’est débile et cela coûte cher à la sécu ; que je prépare celui des autres, et que l’on me laisse faire sans rien dire, c’est, en fait, complètement délirant, qu’en pensez-vous ? Pourtant, après ce débat, j’ai fumé deux ou trois cigarettes entre les délicieuses crêpes. Pourquoi s’en priver puisque d’autres le font, que la loi est floue et que donc cela doit vouloir dire que « ce n’est pas si dangereux que ça… » ? J’ai admiré l’efficacité des « zones fumeurs »… (Excusez l’ironie). A New-York, Dublin, Rome, c’est clair. Si ma fumée est aussi toxique pour les autres, la règle doit être claire, juste et ferme, qu’en pensez-vous ?

Je ne sais pas dans quels restaurants vous allez, Madame de Panafieu, mais moi, on m’enfume quand même au restaurant, même si parfois en effet on me demande : « ça vous dérange si je fume ? ». Même si j’en suis au magret de canard et que celui-ci est meilleur sans goudrons ni nicotine, évidemment, je dis « Pas de problème », par courtoisie, par bêtise ou par culpabilité d’être moi-même fumeur, je ne sais pas. A New-York, on peut sortir et respirer à la fois, sentir le goût et l’odeur de ce que l’on mange, et ne pas avoir les vêtements qui puent « à jeter » à la fin de chaque soirée. On peut aller fumer sa clope (ou son cigare, Monsieur Lellouche) tranquille dehors, ça ne pose de problème à personne, les restaus, bars, boîtes sont contents, leur chiffre d’affaires a augmenté.

Une dernière chose : ma copine, elle, est serveuse, et personne ne lui demande si elle veut être enfumée toute la journée, elle n’a pas le choix, elle n’est pas là une heure par jour, mais huit, elle ne sert pas qu’en « zone non-fumeur », mais partout, parce que c’est son job. Je ne vous dirai pas si elle est elle-même non-fumeuse, fumeuse repentie, fumeuse occasionnelle ou fumeuse dépendante qui voudrait bien arrêter,… : cela n’a pas d’importance : elle a le droit de travailler sans qu’on porte inutilement atteinte à sa santé, elle a le droit de pouvoir arrêter de fumer, si elle est fumeuse.

Alors si l’on pouvait, surtout que ça fait déjà quelques mois qu’on parle de ce sujet en France, enfin avancer avec les vraies recettes, celles qui marchent et qui ont fait leurs preuves, ça serait bien. Je ne sais pas pourquoi, en France, alors qu’on commence à être cernés d’exemples, on n’arrive pas à avancer sur cette question de santé publique qui me semble, en fait, de base.

Merci,

Bien à vous, à bientôt,

Stéphane Dugousset

Note: OxyRomandie est totalement apolitique, et ne prend position ni ne s'oppose à aucun parti en tant que mouvement politique. Nos prises de position sont toujours en rappport avec le thème qui nous concerne, à savoir celui de la protection des personnes contre l'exposition à la fumée de tabac et la prévention du tabagisme.

(Dossier 06-003 - 2006-02-22)



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