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« L'exposition involontaire à la fumée de tabac provoque le cancer du poumon Les non-fumeurs sont exposés aux mêmes cancérogènes que les fumeurs actifs. Il a été montré que les niveaux types d'une exposition involontaire provoquaient le cancer du poumon chez des individus n'ayant jamais fumé. La fumée de tabac dans l'air ambiant EST cancérogène pour l'homme. »

Organisation mondiale de la santé, Monographies du Centre international de recherche sur le cancer, Vol 83, juin 2002



« Philip Morris croit qu'il n'a pas été démontré que l'exposition à la fumée ambiante provoque le développement du cancer du poumon ou des maladies cardiaques chez le non-fumeur. »

Déclaration de Philip Morris soumise en avril 2002 au Département américain de la justice (traduction libre d'OxyGenève)

C'est officiel : la fumée passive fait partie des substances cancérogènes les plus dangereuses!

La fumée de tabac dans l'air ambiant classée officiellement dans le groupe des substances cancérogènes les plus dangereuses

L'OMS, par l'intermédiaire de son Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) à Lyon, vient de déclarer la fumée de tabac dans l'air ambiant comme une substance cancérogène pour l'être humain. En étant classée dans le Groupe 1 des substances cancérogènes, la fumée passive rejoint l'arsenic, l'amiante, le gaz moutarde et le radon au rang des substances qui causent le cancer chez l'homme et la femme. Cette décision est fortement significative, provenant de la plus haute instance intergouvernementale, qui n'énonce ses conclusions qu'après les avoir validées auprès des plus grands experts scientifiques du monde.

(Voir plus bas la position officielle de Philip Morris au sujet du tabagisme passif)

L'OMS appuie donc de toute son autorité en matière de santé publique le consensus des experts internationaux concernant la haute nocivité de la fumée de tabac pour les non fumeurs. (A l'heure actuelle, et depuis de nombreuses années, les seuls « experts » qui continuent de mettre en doute cette nocivité sont directement ou indirectement affiliés à l'industrie du tabac.) La prise de position de l'OMS consolide des décisions similaires qui avaient été adoptées depuis quelques années au niveau national dans plusieurs pays.

En 1993 déjà, l'Agence de Protection de l'Environnement des USA, la fameuse EPA (Environment Protection Agency), publiait un rapport faisant état d'une vaste étude sur la fumée de tabac environnementale (FTE). Elle arrivait à la conclusion que la fumée passive provoquait le cancer du poumon chez les non-fumeurs. En conséquence, elle classifiait la FTE dans le Groupe A des substance cancérogènes, c'est-à-dire parmi celles qui sont reconnues les plus dangereuses.

Cette étude s'attira les foudres de l'industrie du tabac. Les cigarettiers américains ont commencé par submerger l'EPA sous une masse gigantesque de commentaires niant ses observations et critiquant ses méthodes. Ils mobilisèrent pour cela tous leurs « scientifiques indépendants » (dont un certain Ragnar Rylander). Ces manigances ne parvinrent cependant pas à stopper la publication du rapport.

L'industrie lança ensuite une vaste offensive judiciaire contre l'EPA, l'accusant de fraude scientifique et d'incompétence. Par des manoeuvres procédurières et à l'aide d'un juge qui avait été auparavant un lobbyiste des cultivateurs de tabac, l'industrie parvint à bloquer la décision de l'EPA. L'EPA déposa immédiatement un recours. L'affaire n'est pas à ce jour tranchée, mais elle a perdu une partie de son intérêt, car depuis le début 2001 les Etats Unis admettent officiellement que la fumée passive cause des cancers. La conclusion de l'EPA a donc prévalu.

En effet, le harcèlement de l'EPA par l'industrie du tabac n'empêcha pas un autre département gouvernemental, le Department of Health and Human Services (DHHS) d'inclure dans son 9th Report on Carcinogens, publié en janvier 2001, la fumée de tabac environnementale dans la catégorie supérieure des substances connues comme cancérogènes. Cette liste restreinte comporte les quarante substances cancérogènes les plus nocives. L'industrie du tabac essaya en vain d'empêcher cette classification de la FTE, en innondant le DHHS de commentaires et contre-rapports. Elle ne lui fit par contre pas obstacle une fois qu'elle fut prononcée.

Le rapport du DHHS décrit la fumée passive comme suit : « La fumée de tabac environnementale (FTE) est reconnue comme étant cancérogène pour l'homme sur la base de preuves suffisantes établies par des études sur l'homme qui indiquent une relation de cause à effet entre l'exposition à la fumée passive et le cancer du poumon. [...] Des études démontrent aussi une association entre la FTE et le cancer du sinus nasal. »

Voici le texte du communiqué de presse du CIRC.

LE CENTRE INTERNATIONAL DE RECHERCHE SUR LE CANCER CLASSE LE TABAGISME PASSIF DANS LE GROUPE DES CANCEROGENES POUR L'HOMME

Monographies du CIRC (Vol 83) Tobacco Smoke and Involuntary Smoking (Juin 2002): Résumé et évaluation (Anglais uniquement)

Un groupe d'experts composé de 29 chercheurs venus de 12 pays différents, réuni par le Programme des Monographies du Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), basé à Lyon (France) a passé en revue toutes les indications significatives publiées sur le tabagisme, actif et passif, et ses liens avec le cancer. Si les conclusions rendues ont confirmé, sans surprise, les effets cancérogènes du tabagisme actif, évalué par ce même programme en 1986, il a aujourd'hui conclu son évaluation des risques cancérogènes associés au tabagisme involontaire, en classant l'exposition involontaire à la fumée du tabac comme cancérogène pour l'homme.

Tabagisme actif
Morbidité très élevée

L'épidémie de tabagisme a atteint une dimension planétaire : la moitié des fumeurs succombent à une pathologie provoquée par le tabac. La moitié de ces décès surviennent entre 35 et 69 ans. Les victimes du tabac perdent alors en moyenne 20 à 25 ans d'espérance de vie de non-fumeur. Cette épidémie gagne à présent les femmes et les pays en développement. Si le tabac tue chaque année des millions de personnes par cancer, il provoque un nombre encore plus élevé de décès prématurés par maladies cardiovasculaires et pulmonaires et d'accidents vasculaires cérébraux que de décès par cancer. Quoi qu'il en soit, la consommation de tabac est la cause la plus importante de cancers évitables dans le monde.

Malheureusement, au fur et à mesure que l'on progresse dans l'étude des risques de cancer liés au tabagisme, on découvre qu'ils se révèlent plus importants et qu'ils affectent davantage de localisations anatomiques qu'on ne le soupçonnait précédemment.

De nouvelles localisations-cibles identifiées

Dans le cadre de cette monographie, le Groupe de travail a ajouté de nouvelles localisations anatomiques à la liste déjà très longue des cancers provoqués par le tabac : parmi elles, certains des cancers les plus fréquents dans le monde, comme les cancers de l'estomac, du foie, du col utérin, du rein (carcinome des cellules rénales) et la leucémie myéloïde. En outre, les risques de cancer liés au tabagisme sont grandement aggravés pour certaines localisations lorsqu'ils se combinent à une exposition à d'autres cancérogènes connus.

Pas seulement la cigarette

Hormis la cigarette, d'autres formes de tabagisme très répandues, comme le cigare, la pipe et les bidis (fréquents en Asie du Sud et gagnant en popularité aux Etats-Unis) accroissent les risques des cancers du poumon, de la tête et du cou, entre autres.

Plus tôt l'on commence à fumer et plus le risque est important

Plus l'on fume longtemps, et plus les risques de cancer augmentent. La tendance des enfants qui fument de plus en plus tôt les prédispose à des risques substantiels plus tard.

Ne commencez pas à fumer, et si vous fumez, arrêtez !

S'il est évidemment meilleur de ne jamais commencer à fumer, la plus grande réduction du nombre de décès par cancer dans les quelques décennies à venir proviendra d'une réduction du risque pour les fumeurs qui arrêtent de fumer. Ne jamais fumer, bien sûr, ou abandonner le tabac, restent les meilleurs moyens de prévenir le cancer dans le monde au XXIe siècle. Par comparaison, les gains en matière de santé publique tirés d'une modification de la composition des cigarettes seraient minimes.

Heureusement, les indications scientifiques continuent de s'accumuler sur les avantages de l'abandon, à tout âge, de l'habitude tabagique. La plus grande part des effets nocifs sont évités si l'on arrête de fumer au début de la trentaine, mais on obtient une réduction du risque même plus tard. Arrêter de fumer est vraiment bénéfique.

Hommes et femmes égaux

Les risques de cancer du poumon liés au tabagisme sont les mêmes chez les hommes et les femmes lorsque l'habitude tabagique est semblable et de même durée. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni (où de nombreuses femmes ont fumé des cigarettes tout au long de leur vie adulte), environ 90% des cancers du poumon, chez les hommes comme chez les femmes, sont imputables à la cigarette.

Certains risques de cancers non affectés

La fumée du tabac ne provoque pas tous les cancers. On dispose aujourd'hui d'indices clairs de ce que le tabagisme n'entraîne que peu ou pas de risque de cancer du sein ou de l'endomètre, pas plus que pour la prostate.

Non-fumeurs

L'exposition involontaire à la fumée de tabac provoque le cancer du poumon. Les non-fumeurs sont exposés aux mêmes cancérogènes que les fumeurs actifs. Il a été montré que les niveaux types d'une exposition involontaire provoquaient le cancer du poumon chez des individus n'ayant jamais fumé. La fumée de tabac dans l'air ambiant EST cancérogène pour l'homme.

La crainte que le cancer du sein et d'autres cancers, non causés par un tabagisme actif, puissent être provoqués par une exposition involontaire à la fumée est injustifiée.

Incertitude quant au risque pour les enfants exposés

Les indications selon lesquelles les enfants exposés au tabagisme parental ou autre courraient un risque accru dans leur vie adulte sont incertaines en l'état actuel des recherches.

Note d'OxyGenève :
1) La position du CIRC concernant l'absence de lien entre le cancer du sein et le tabagisme passif est une bonne nouvelle. Elle contredit ce que nous avancions dans un précédent dossier, qui était basé sur deux études ayant observé une corrélation entre fumée passive et cancer du sein. Sans remettre en cause la conclusion du CIRC, quelques voix se sont élevées pour demander que l'on effectue de nouvelles études sur ce sujet, qui reste insuffisamment exploré (contrairement au cancer du poumon).
2) Quand à l'incertitude pour les enfants exposés, il faut souligner que cette incertitude ne concerne que le cancer du poumon. Il est par contre clairement établi que la fumée ambiante est très nocive pour les enfants, induisant des maladies respiratoires, des otites, aggravant l'asthme, causant la mort subite du nourrisson, etc.
Les Monographies du CIRC

Les monographies du CIRC, qui font autorité en la matière, sont des évaluations indépendantes, réalisées par des experts internationaux, des risques cancérogènes quún grand nombre de différents agents font courir à l'homme. Depuis son lancement en 1972, cette série a permis de faire le point sur plus de 880 agents, et les monographies du CIRC sont réputées pour leur minutie, leur exactitude et leur impartialité.


La position officielle de Philip Morris sur la fumée passive

Dans la procédure en cours qui oppose le Département de la Justice des Etats Unis d'Amérique aux compagnies de tabac (Civil Action No. 99-CV-2496 GK, United States of America vs Philip Morris, Incorporated, et al.), la requête suivante a été soumise à Philip Morris : Admettez que la fumée de tabac environnementale ("FTE") provoque des maladies chez certaines personnes. Cette requête a suscité une déclaration ampoulée de la multinationale, qui est un chef d'oeuvre de la langue de bois caractéristique des prises de position publiques de l'industrie du tabac. Nous pourrions peut-être nous délecter de ce morceau de choix si l'enjeu n'en était pas la santé et la vie de centaines de milliers de personnes dans le monde :

Philip Morris élève une objection contre le terme "maladies" utilisé dans cette Requête sur la base qu'il est vague, ambigu, indéfini et trop large. Sous réserve de ses objections générales, et sans les remettre en cause, Philip Morris admet que des responsables officiels de santé publique ont conclu que la fumée ambiante provoquait certaines maladies chez les adultes non fumeurs, y compris le cancer du poumon et les maladies cardiaques. Philip Morris croit qu'il n'a pas été démontré que l'exposition à la fumée ambiante provoque le développement du cancer du poumon ou des maladies cardiaques chez le non-fumeur. De plus, Philip Morris déclare que, bien que ne croyant pas qu'il a été démontré que l'exposition à la FTE provoque le développement de ces maladies, Philip Morris reconnaît que dans certains types d'exposition, la FTE peut provoquer des réponses indiquant une irritation, telles que l'écoulement nasal et les yeux qui pleurent, et que l'exposition à la FTE a été décrite comme déclencheur ou aggravateur de réponses asthmatiques chez un petit nombre de sujets sensibles à l'asthme. Philip Morris déclare que les affirmations selon lesquelles la FTE provoque le développement de "maladies" sont essentiellement basées sur des études épidémiologiques, et que ces études portent en général sur des associations faibles, qu'elles ne mesurent pas l'exposition réelle à la FTE, et qu'elles souffrent d'autres problèmes méthodologiques sérieux, tels que, dans certains cas, des biais non pris en compte et des facteurs confondants. Ces études n'ont pas réussi à établir une relation de cause à effet entre l'exposition à la FTE observée et le développement de "maladies".

Toujours en réponse à la requête, Philip Morris déclare qu'au sujet des enfants, certaines études ont observé un accroissement du risque relatif pour les enfants vivant dans des lieux enfumés, particulièrement pour les plus jeunes, de contracter des conditions telles que la toux, les éternuements et les otites (infections de l'oreille moyenne) et des infections respiratoires. Philip Morris admet aussi que certaines études ont observé une association entre le tabagisme des parents et le syndrome de la mort subite du nourrisson.

A l'exception de ce qui est expressément admis, Philip Morris réfute cette Requête.

(Source : Committee on Government Reform - Minority Office - Traduction par OxyGenève non certifiée)

Philip Morris accuse implicitement les officiels de santé publique d'incompétence, de croyance irrationnelle ou de fraude scientifique, puisque ceux-ci ont conclu que la fumée ambiante provoquait des maladies, alors qu'il n'y a pas - selon Philip Morris - de démonstration de ce fait.

La position de Philip Morris concernant les enfants doit se lire en filigrane. La multinationale se borne à constater que certaines études ont observé une association entre fumée parentale et maladie chez les enfants. Philip Morris ne se prononce pas sur la validité de ces études, et laisse implicitement entendre que les autres études n'ont pas observé une telle association. On connaît une de ces autres études : celle entreprise par le Dr Ragnar Rylander à l'Université de Genève sur les infections respiratoires, publiée en 1999 dans Archives of Environmental Health, étude payée en sous-main par Philip Morris, et qui concluait qu'il n'y a pas de relation entre le tabagisme des parents et maladies respiratoires chez les enfants.

On retiendra finalement de cette déclaration de Philip Morris que la position de la multinationale sur la question de la fumée passive n'a guère évolué au cours des deux dernières décennies : elle reste quasiment alignée sur les conclusions du « symposium Rylander » organisé à Genève en 1983. Rappelons que ce symposium était truqué, les participants ayant été sélectionnés par les avocats de l'industries, et les grands chercheurs de l'époque, qui avaient mis en évidence le lien entre fumée passive et cancer, ayant été exclus de la conférence. La majorité des participants étaient des chercheurs affiliés à l'industrie du tabac. Les conclusions du symposium avaient été rédigées sous la haute surveillance des avocats de l'industrie et avaient donné lieu à une vaste campagne de médiatisation par l'industrie.


(Dossier 02-001 - 2002-08-25)



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